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AOP comté L’envers du décor n’est pas aussi rose que cela

Halte aux dérives. Claude Vermot-Desroches, président du CIGC, a fustigé lors de l’AG des coopératives du massif jurassien, les dérives de ceux qui, pris dans un engrenage fou d’investissements, veulent toujours plus de prix et de volumes. Jack Varlet

Mise au point. Le président du CIGC dénonce le comportement de ceux, marginaux, qui dans la filière en veulent toujours plus…

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Dans la filière AOP comté, la crise, connaît pas ! En vingt-cinq ans, la production de fromages a quasi doublé pour atteindre 65 000 tonnes annuelles, tout en créant de la valeur pour les 2 474 exploitations du massif jurassien, les 150 ateliers de fabrication et les treize maisons d’affinage concernées. Cette réussite se traduit en amont par du lait qui tutoie les 550 €/1000 litres… De quoi faire perdre le bon sens à certains, au risque de faire capoter la réussite collective qu’est d’abord cette AOP. C’est tout le sens du coup de gueule, lors de la récente assemblée générale des coopératives du massif jurassien, de Claude Vermot-Desroches, président de l’interprofession en fin de mandat.

Inflation des coûts de reprise

Car l’envers du décor, ce sont des prix de reprise d’exploitations qui ont doublé en quelques années et des coûts de bâtiments et de matériel qui ont explosé. On arrive parfois à 16 000 € la vache logée. Résultat : un prix de revient qui donne le vertige… 508 €/1000 litres de moyenne en 2017, 394 € pour le quart le plus performant, 619 € pour le quart qui l’est le moins.

« Depuis 2008, la production laitière a augmenté en volume et en prix dans toutes les exploitations. Mais l’homme étant incapable de se contenter de ce qu’il a, il en veut toujours plus », constate, amer, Claude Vermot-Desroches. Cette situation se traduit par des pressions importantes de certains producteurs auprès de responsables d’ateliers de fabrication… Et par ricochet, auprès des affineurs pour avoir des prix et des volumes plus importants.

« Il faut éradiquer très tôt les maladies contagieuses »

« Cela reste conforme aux échanges commerciaux, reconnaît le président du CIGC. Mais cela devient grave quand on commence à ne plus s’intéresser à la qualité des fromages. » Et de dénoncer : « Cest à celui qui exige de son affineur plus de plaques export, qui le menace de le quitter parce qu’il n’a pas de passe-droit avec l’attribution de plus d’ouverture sur le plan de régulation. L’imagination bat son plein pour essayer de déclarer des poids de meules plus faibles et ainsi produire plus. »

Il met dans le même panier « ces producteurs qui font la tournée des ateliers pour tester l’idée de quitter le comté pour échapper aux ­contraintes de son cahier des charges, mais continuer de s’assurer les meilleurs prix ». À ses yeux, ils sont une menace pour l’économie territoriale.

« Certes, une grande partie de la filière est loin de cette médiocre description. Mais si je la dénonce, c’est que je sais, en tant qu’éleveur, qu’il faut éradiquer très tôt les maladies contagieuses. » La mise au point a visiblement été approuvée par les 350 personnes présentes à l’AG de la FRCL du massif jurassien.

Jean-Michel Vocoret

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